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LIVRE DEUXIÈME.

s’était passé à l’intérieur du monastère de Paris depuis le temps où nous l’avons laissé. La mère Angélique s’y retrouvait abbesse, nous l’avons dit, ayant été nommée, en octobre 1642, à la place de la mère Agnès qui achevait son second triennat.[1] Elle, à son tour, n’en fit pas moins de quatre consécutifs en vertu de quatre élections réitérées, et demeura ainsi à la tête de la Communauté pendant douze ans, jusqu’en novembre 1654. De fait, tant qu’elle vécut, elle gouverna ou régna toujours. L’Institut du Saint-Sacrement, qui a été pour nous, si l’on s’en souvient, une si longue et fastidieuse parenthèse, et dont nous avons eu hâte de déserter la maison à demi profane,[2] fut régulièrement réuni et transféré à Port-Royal avec toutes les obligations et grâces qu’on y avait, dans le principe, attachées. M. Briquet, avocat général, allié des Bignon et père d’une des futures religieuses les plus marquantes, aida beaucoup par son zèle à la conclusion légale de toute cette négociation fort compliquée. M. l’abbé de Saint-Nicolas,[3] alors à Rome, et chargé d’affaires au nom du roi, n’y contribua pas moins directement en obtenant la permission du Saint-Siège. Les fondateurs et bienfaiteurs de l’Institut consentirent à ce que les deniers fussent employés à bâtir l’église de Port-Royal de Paris. La première pierre en fut posée en grande pompe (avril 1646) par mademoiselle de Longueville, comme héritière représentant la première duchesse de Longueville, fondatrice de l’ancienne maison du Saint-Sacrement. C’est cette mademoiselle de Longueville, depuis duchesse de Nemours, qui, bien qu’élève de madame Le Maître, se montra toujours médiocrement disposée de cœur pour la maison. Elle y avait demeuré

  1. Voir à la page 26 de ce volume, liv. II, chap. VII.
  2. Voir à la page 334 du tome I, liv. I, chap. XII.
  3. Henri Arnauld, depuis évêque d’Angers.