écrivains chez qui tout s’engendre par un procédé unique et selon une figure dominante, donnent aisément envie et moyen de les contrefaire. On a vu chez l’aimable saint François de Sales le style produire perpétuellement une métaphore fleurie et ne plus paraître qu’une guirlande : du moins l’esprit du fond, la fertilité de l’idée, la liberté des tours et la variété de la fleur même, y corrigeaient la monotonie. Rien ne la corrige chez Balzac, et sa pointe mirobolante est l’idée fixe ; il brûle ses vaisseaux à chaque métaphore et ne laisse aucun retour à la pensée. Cette manière d’écrire, ainsi réduite à un trait et comme à un tic, pourrait presque s’apprendre à un automate perfectionné : on ferait une machine à rhétorique, comme Pascal a fait une machine arithmétique.[1]
La Bruyère, pour qui Balzac était déjà loin dans le passé, s’en est occupé en disant : « Ronsard et Balzac ont eu chacun dans leur genre assez de bon et de mauvais pour former après eux de très grands hommes en vers et en prose. » Balzac a sans doute servi plus directement, plus immédiatement que Ronsard, mais il ne me semble pas comparable à lui comme fond et valeur réelle. De l’un on peut extraire un poète éminent, et même charmant ; de l’autre, rien que des phrases, ou des moules de phrases.
Fléchier, à tous égards plus voisin de Balzac que La Bruyère, avait, assure-t-on, grande estime pour lui ; il en évitait l’enflure et les pensées fausses, mais il s’attachait
- ↑ Un de mes amis qui s’entend à analyser les styles, quand il a une fois saisi le procédé et la manière d’un de ces écrivains de parti-pris, a coutume de dire en posant le livre : « Oh ! toi, je connais maintenant ton gaufrier. »
tout récent, d’un vieux connaisseur ( M. Châtelain, de Relie ) qui en a fait de plus d’une sorte, en sa riante et studieuse fabrique au bord du lac de Genève.