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LIVRE TROISIÈME.

« Et qui donc voulez-vous qui comprenne votre appareil logique, si M. Pascal ne l’a pas compris ? » Ce que je prétends ici conclure et qui est capital à mon sens sur la pensée définitive de Pascal, c’est que, comme Saint-Cyran et comme Jansénius, tout à fait catholique et anti-calviniste par sa façon d’entendre les sacrements et particulièrement l’Eucharistie, il se rapprochait des plus opposés à Rome sur la doctrine de la Grâce, sur l’interprétation et la qualification qu’il donnait aux sentences des Pontifes, et qu’après tout sa manière finale d’entendre l’Église lui permettait, sous le coup de la mort[1], de dire non au Pape, et de le croire ou même de le proclamer instrument direct et prolongé de mensonge.

Ad tuum Domine Jesu, tribunal appello !

Cet éclaircissement qui ne va guère, j’en suis certain, au delà du Pascal des Pensées, qui ne lui surimpose rien, qui outre-passe toutefois celui des Provinciales, cet éclaircissement une fois obtenu, nous sommes plus à l’aise pour rentrer dans l’examen des petites Lettres, et de leur portion la plus célèbre et la plus accréditée.

  1. Cette polémique avec Arnauld est de la fin de 1661 et du commencement de 1662 : Pascal mourut en août 1662.