je croyois avoir assez répondu. » Il a bien fait de rayer cette phrase-là, de renoncer surtout à cette idée ; il aurait eu tort de s’arrêter sur cette Lettre huitième, et il semble avoir voulu marquer sa reprise d’entrain par la vive et accueillante ouverture de la suivante :
« Je ne vous ferai pas plus de compliment que le bon Père m’en fit la dernière fois que je le vis. Aussitôt qu’il m’aperçut, il vint à moi, et me dit en regardant dans un livre qu’il tenoit à la main : « Qui vous ouvrirait le Paradis ne vous obligeroit-il pas parfaitement ? Ne donneriez-vous pas les millions d’or pour en avoir une clef et entrer dedans quand bon vous sembleroit ? Il ne faut point entrer en de si grands frais : en voici une, voire cent, à meilleur compte. » Je ne savois si le bon Père lisoit ou s’il parloit de lui-même ; mais il m’ôta de peine en disant : Ce sont les premières paroles d’un beau livre du Père Barry, etc. »
C’est ainsi que Pascal, dès qu’il s’est senti quelque peu en lenteur, se rachète incontinent.
Comme pendant de cet excellent début, on peut rappeler la dernière page de la Lettre septième ; dans celle-ci ce n’est plus la vivacité, c’est la lenteur même qui devient piquante et dramatique. Il s’agit de montrer que selon le Père Lamy, en dirigeant bien l’intention, il est permis à un Ecclésiastique ou à un Religieux de tuer un calomniateur qui menace de publier des crimes scandaleux de sa Communauté… Et à ce moment le lecteur fait, en souriant, l’application de la maxime à l’auteur lui-même. C’est comme un pistolet, chargé à l’adresse de Montalte, que le bon Père, sans se douter de l’à-propos, lui montre, lui fait admirer, et qu’ils tiennent longtemps tous deux entre les mains. Cette application prompte que fait le lecteur est déjà comique ; mais ce qui le devient davantage et ce qui est d’un art excellent, c’est le développement, la lenteur même avec laquelle cela est ménagé, contenu, filé jusqu’à la