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PORT-ROYAL.

« L’enseignement de Port-Royal est la véritable époque de la décadence des bonnes Lettres. »
« Le même esprit de démocratie religieuse les conduisit à nous empester de leurs traductions de l’Écriture sainte et des Offices divins. »
« Au reste, toutes les Méthodes de Port-Royal sont faites contre la méthode. »
« Tels sont les écrivains de Port-Royal, des voleurs de profession excessivement habiles à effacer la marque du propriétaire sur les effets volés. »

La fonction littéraire de Port-Royal a été, en effet de vulgariser certaines habitudes saines de raisonner et d’écrire, de les faire tomber peu à peu dans le domaine commun ; ces Messieurs, par leurs Méthodes, ont contribué à élever la moyenne du bon sens en France. Voilà ce que de Maistre a quelque peine à entendre et encore plus à pardonner. Le Pline du Père Hardouin et les Dogmes théologiques du Père Petau, devant lesquels il se récrie d’admiration, sont assurément de belles choses et des monuments ; pourtant ils n’ont pas empêché ces deux savants auteurs d’être parfois bien étranges et peu s’en faut ridicules ; ce qui est toujours fâcheux, même pour des savants.

Lorsqu’il en vient à Pascal, de Maistre l’excepte de l’anathème qu’il lance contre la médiocrité de ses amis ; mais il a soin d’ajouter que « jamais Pindare, donnant même la main à Épaminondas, n’a pu effacer dans l’Antiquité l’expression proverbiale : l’air épais de Béotie. » Ce mot de Béotie, dans le cas présent, pourrait être mieux trouvé. M. de Saci, entre autres, qui est l’esprit même de Port-Royal, et qui d’abord tint tête à Pascal dans cet Entretien profond et fin auquel nous avons assisté, M. de Saci un Béotien ! que vous en semble ?

Il en serait de même de presque toutes les assertions