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XVII


{{AN|Dernières années de Pascal depuis 1657. — Son grand ouvrage sur la Religion. — La Roulette. — Ascétisme et sainteté. — Des pratiques excessives. — Véritable esprit de la discipline à Port-Royal. — Sentiment de Pascal sur la maladie. — Lettre de Pline. — Encore Montaigne. — Les deux solitudes avec leurs fruits — Pascal et les pauvres.


Pascal, au moment où il s’engagea dans les petites Lettres, avait-il conçu déjà son dessein d’un grand ouvrage contre les Athées et les incrédules ? Il avait dû probablement y songer, et chercher dans l’histoire de son propre cœur de victorieuses réponses aux doctrines de plus d’un ancien compagnon ; mais le dessein arrêté et formel ne lui vint que pendant les Provinciales mêmes, quand le miracle de la Sainte-Épine lui fit comme toucher du doigt le dernier anneau dans la chaîne des preuves éternelles. La chaîne entière vibra du coup, et s’illumina. Il vit là un rapport direct de Dieu avec lui, avec les siens, un rayon envoyé tout exprès pour éclairer à ses yeux, pour démontrer l’ordre de mystère. Et vraiment, comme on l’a dit, ce miracle-là, si on le suppose fait pour Pascal seul, on serait tout près d’y croire. De plus, à ce moment, Pascal se sentait maître