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XVIII


D’un chapitre à écrire sur Pascal. — Des formes diverses de Sainteté. — La Sœur de Sainte-Euphémie ; — scrupules et angoisses sur la Signature ; — admirable lettre ; — mort. — Pascal fidèle à l’esprit de sa sœur. — Sublime évanouissement. — Les deux grandeurs morales. — Sœurs plus grandes que les frères. — Anecdote de l’abîme. — Voltaire et Leibniz. — Bayle et Saint-Cyran. — Derniers moments et mort de Pascal.


On a beaucoup disserté à propos de Pascal sur le scepticisme, sur le mysticisme ; le vrai titre du chapitre à son sujet devrait être, De la Sainteté. Heureux qui serait digne de l’entreprendre !

La Sainteté est un état habituel de l’être en élévation vers l’Ordre infini, en harmonie avec l’ordre du monde. Cet état, si on le considère en lui-même et en le dégageant des enveloppes diverses dont il est revêtu, apparaît comme indépendant, jusqu’à un certain point, des croyances qui sont le plus faites pour le nourrir. Confucius ne connaissait pas le Paradis, l’Enfer, la récompense ; mais l’homme sur terre lui semblait avoir des émotions saintes, des joies, des occupations saintes, et il priait beaucoup. Il ne croyait pas à l’immortalité de l’âme ; il croyait en Dieu, en la Sainteté ; il avait des