Aller au contenu

Page:Sainte-Beuve - Port-Royal, t3, 1878.djvu/361

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
351
LIVRE TROISIÈME.

Tout en s’y montrant la digne fille de Saint-Cyran selon l’esprit, la Sœur Euphémie y apparaît aussi comme tenant tout à fait à cette seconde génération des religieuses de Port-Royal, dont étaient les Sœurs Angélique de Saint-Jean, Christine Briquet, Eustoquie de Bregy, tandis que la première génération des Mères nées de la première Angélique, les Mères Marie des Anges, de Ligny, Du Fargis, raisonnaient moins en détail de ces questions du dehors. Ainsi la mère Du Fargis, alors prieure de Port-Royal des Champs, eut les mêmes scrupules, les mêmes angoisses que la sous-prieure, et elle en écrivit à M. Arnauld une lettre dans le même sens ; mais elle s’en référa aux raisons déduites par son experte compagne, et, pour son compte, elle ne les aurait point exprimées de ce ton d’examen. La Sœur Euphémie, en un mot, appartenait à cette génération qui avait lu les Provinciales et qui s’y était formée. L’avocat de Port-Royal, qui publia le premier la lettre éloquente dans son Apologie pour les Religieuses en 1665, se trouva un peu embarrassé d’excuser certains termes qui annonçaient une trop grande connaissance des matières controversées ; c’est ce qui l’induisit à en adoucir, à en supprimer quelques-uns. Le digne Apologiste compte beaucoup trop d’ailleurs sur notre simplicité, lorsqu’il ajoute qu’on ne doit pas s’étonner de trouver une fille si fort instruite de toutes ces contestations : c’est qu’elle avait lu, dit-il, une partie des livres écrits en notre langue sur ces sujets, du temps qu’elle était encore dans le monde. Mais, à l’époque où mademoiselle Jacqueline Pascal était dans le monde, il n’était pas question de Formulaire, ni de ces discussions soulevées ou développées depuis. C’est bien en effet sous les grilles que son esprit, à cet égard, avait achevé de se former.

Je ne voudrais pas que, d’après les sévérités de la