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Page:Sainte-Beuve - Port-Royal, t3, 1878.djvu/387

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LIVRE TROISIÈME.

Enfin, dans un post-scriptum daté du 11, qu’il ajoute à cette longue lettre, Brienne parle d’une lettre de madame Périer à M. de Roannès, que celui-ci vient à l’instant de recevoir et de lui faire lire, et qui semble avancer la conclusion :

« Je vous dois dire, Madame, que monsieur votre fils est bien aise de se voir tantôt au bout de ses sollicitations auprès de moi et de vos autres amis, et de n’être plus obligé à nous tenir tête avec l’opiniâtreté qu’il faisoit, et dont nous ne pénétrions pas bien les raisons ; car la force de la vérité l’obligeoit à se rendre, et cependant il ne se rendoit point et revenoit toujours à la charge ; et la chose alloit quelquefois si loin que nous ne le regardions plus comme un Normand[1] (qui sont naturellement gens complaisants), mais comme le plus opiniâtre Auvergnat qui fut jamais, c’est tout dire. Mais maintenant nous ferons bientôt la paix, et j’espère que votre satisfaction, et la gloire et l’applaudissement qui sont inséparables de la publication de cet ouvrage, achèveront de mettre fin aux petits différends que nous avons eus, M. de Roannez et moi, avec monsieur votre fils. »

On a, ce me semble, d’après cette lettre confidentielle, le rôle de chacun très-bien tracé dans ce concert difficile à obtenir, et je me représente le tout ainsi : la famille absente s’effraye (mais non pas au point de vue littéraire) de voir toucher à des reliques chéries d’un Saint glorieux, et de loin elle s’exagère même les changements qu’on prétend y apporter ; le duc de Roannès, au cœur du travail, s’empresse, se multiplie : qui mieux que lui avait pu aider à déchiffrer les papiers originaux, et à en tirer une copie satisfaisante ? maintenant que le tout, pêle-mêle, est copié, il débrouille ; il essaye avec

    Brienne, un petit manuscrit abrégé des pensées qu’on avait retranchées à l’impression ; ce pourrait bien être le même, ou une copie faite d’après celui-là. M. Faugère en a parlé au tome I, page LVIII, de son édition des Pensées.

  1. Étienne Périer était né à Rouen.