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PORT-ROYAL.

Étienne Périer de classer ces notes confuses ; il en indique le vrai sens et l’intention, lui qui passait sa vie avec Pascal et qui était son intime confident ; s’il n’ajoute rien, il retranche beaucoup : en un mot, il dresse une sorte de premier canevas d’édition, et met ces autres Messieurs à même de se former un avis. Arnauld et Nicole relisent alors et revoient tout cela au point de vue de la clarté et de la correction. Lorsqu’ils crurent devoir s’attaquer au sens, ce fut, en général (et sauf deux ou trois méprises), par des raisons essentielles qui nous touchent très-peu aujourd’hui, mais qui ne pouvaient point ne pas prévaloir sur des esprits avant tout chrétiens, et tournés vers l’édification des lecteurs. On en a un exemple dans une lettre d’Arnauld, que je donnerai ici presque au long ; ces citations sont devenues essentielles pour mettre en lumière l’esprit de scrupule qui présida à cette première édition, pour montrer qu’elle fut faite jusqu’en ses altérations selon un esprit de sincérité chrétienne, sinon de sincérité littéraire. On voulait (ne l’oublions pas), et il fallait absolument, pour remplir l’objet, que le livre parût avec des Approbations d’évêques et de docteurs. Un des approbateurs, l’abbé Le Camus, docteur en théologie de la Faculté de Paris, depuis évêque de Grenoble et cardinal, avait fait quelques observations. Or, on lit dans une lettre d’Arnauld à M. Périer, en novembre 1669[1], après le récit de quelque événement qui a retardé sa réponse :

« … Voilà, Monsieur, ce qui m’a empêché non-seulement de vous écrire plus tôt, mais aussi de conférer avec ces Messieurs sur les difficultés de M. Le Camus ; j’espère que tout s’ajustera, et que, hors quelques endroits qu’il sera

  1. Et non 1668, comme on lit dans les imprimés ; le travail de l’édition, à la date de cette lettre, était très-avancé et tirait sur sa fin.