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LIVRE TROISIÈME.

du moment qu’elle se faisait sous les auspices de Port-Royal, ne pouvait manquer d’être contrôlée en ce sens d’une prudence un peu timide. C’est aussi pour ôter toute pierre d’achoppement qu’on n’imprima point en tête la Vie que madame Périer avait écrite de son frère en 1667 : ne pouvant, dans cette Vie, donner place aux portions les plus désirées du public, on aima mieux la laisser de côté, et attendre que l’heure fût venue de tout dire, ou, du moins, de choisir entre ce qu’on dirait. On se souvient que Pascal, dans les derniers temps, était en désaccord avec ses amis sur de certains points essentiels ; il meurt, et c’est à ceux-ci que retombe le soin de célébrer en quelque sorte ses funérailles, et d’exposer les reliques de son génie : il y a, dans cette situation bien comprise, de quoi expliquer chez les éditeurs l’esprit de discrétion, et même de réticence, qui s’étendit un peu au delà du nécessaire. Ils étaient restés, quoi qu’on puisse dire, sur l’impression de leurs différends ; ils n’étaient pas sans quelques secrets à garder. La famille, de son côté, avait les siens, même à l’égard de ces Messieurs. La confiance mutuelle était grande, elle n’était pas entière. Voici une lettre de madame Périer que j’ai eu le plaisir de trouver autrefois dans les papiers de madame de Sablé[1], à l’adresse de M. Vallant, médecin de cette dame. On achèvera d’y voir tout ce qui compliqua jusqu’au bout la précieuse publication :

Ce 1" avril 1670.
« … Je vois que madame la marquise témoigne de désirer de savoir qui a fait la Préface de notre livre[2]. Vous savez,


    ment, M. Cousin a très-bien vu ce point sur Nicole, et M. l’abbé Flottes s’y est trompé.

  1. Manuscrits de la Bibliothèque du Roi. Rés. S. Germ, paq. 3, no 7.
  2. Madame de Sablé ne serait pas elle-même, si le démon de la curiosité ne la possédait pas.