tres de Gui Patin, à ce public de la galerie extérieure, si excité et si passionné sans trop savoir pourquoi, que les Provinciales vont s’adresser. À ces Moines mendiants surnuméraires de la Sorbonne, comment riposter et résister ? Il n’y a qu’un moyen ; ruse contre ruse, force contre force ; Pascal n’hésite pas : à la majorité du dedans oppressive et incongrue, il opposera tout le monde. La question se déplace ; la position est trouvée ; la bataille désespérée change de face et la victoire se retourne. Ne craignons pas les nobles images. Ce furent comme à Fontenoi, les quatre pièces de canon qui, pointées à propos, enfoncèrent la colonne anglaise victorieuse. Ce fut comme à Marengo, la charge imprévue de Kellermann.
La Sorbonne est prise, les bancs sont envahis ; l’ennemi occupe les retranchements et la place. Ailleurs ! ailleurs ! Changez d’élément. Montez sur vos vaisseaux légers, et gagnez la bataille de Salamine !
L’année 1656 est pour nous une grande année. J’ai dit autrefois[1] la même chose de l’année 1636, et qu’elle avait été capitale pour notre Port-Royal de Saint-Cyran. Après vingt ans justement révolus, nous sommes arrivés à une époque non moins décisive, non moins climatérique, pour ainsi dire. Ces derniers mois de 1655 et ces premiers de 1656 forment un second nœud où tout se resserre, et comme un autre défilé à traverser, qui nous jette dans le second Port-Royal. Un monde nouveau apparaît. On a, du côté sombre de la colonne, le Formulaire, l’inséparabilité du droit et du fait, l’élimination d’Arnauld ; et du côté lumineux, l’entrée en scène de Pascal, l’opinion publique auxiliaire, et le duel à mort entre les deux morales. C’est là-dessus désormais qu’on va vivre.
- ↑ Au tome I, p. 334 (liv. I, chap. XII).