ment au manque de direction : chacun pouvait avoir sa rhétorique, ses dictées de philosophie ; mais les hautes parties de l’enseignement, ainsi livrées à l’arbitraire et destituées d’une méthode commune, n’en avaient pas pour cela plus de liberté, et l’on était arrivé, en fait d’instruction publique, au pire des résultats : la diversité dans la routine. Comme d’ailleurs la société se polissait peu à peu, et que la langue française tendait à se fixer depuis Malherbe et Balzac, il en résultait un divorce croissant entre ceux qui visaient à être du monde, et l’Université, qui vivait toujours sur ses règlements, à peine modifiés, du seizième siècle. « Il n’y a presque plus que les docteurs qui sachent bien le grec et le latin, » écrivait un des meilleurs témoins de ce temps-là[1]. Des docteurs qui ne savaient pas le français, des gens de qualité qui ne savaient guère le latin, c’était là un malentendu qu’il importait de faire cesser au plus vite, à la veille du règne de Louis XIV. Port-Royal s’y appliqua dès les premières années de la Régence ; ces dignes maîtres qui étaient si retirés, si voisins du cloître, et qui pourtant devinaient si bien en cela l’esprit de leur temps, semblèrent s’être proposé un double but : d’une part, faire pénétrer l’étude chez les gens de qualité ; d’autre part, décrasser et humaniser les gens d’étude ; faire des uns et des autres de vrais honnêtes gens. On raconte que la Méthode latine, dédiée au jeune Roi en 1644, servit en effet à l’éducation de ce prince, et que le bon précepteur anti-janséniste, Hardouin de Péréfixe, en usa pour enseigner le latin à son auguste élève[2]. Je n’oserais affir-
- ↑ Le chevalier de Méré, Œuvres posthumes, p. 123.
- ↑ Voir la préface et le privilège de l’édition de la Méthode latine donnée en 16ô5. Dans ce privilège du Roi, on lit au sujet de la Méthode : « L’auteur l’ayant augmentée de plus des deux tiers depuis que nous nous en servions pour apprendre les premiers rudiments de cette langue… »