Il vieillissait ainsi dans l’épreuve humaine, mêlant à beaucoup de prière beaucoup d’étude, les yeux sans cesse attachés à l’Écriture-Sainte, méditant surtout les Réflexions morales de Quesnel, y ajoutant les siennes propres, particulièrement sur les Actes et les Épîtres des Apôtres. Il parut de lui, en 1699, sans nom d’auteur, un petit livre in-12, chez Desprez : Nouveaux Essais de Morale, contenant plusieurs Traités sur différents sujets. Des amis qui en avaient le manuscrit prirent sur eux d’en procurer l’édition. Nous y chercherions vainement un de ces traits saillants qu’on puisse détacher ; ce n’est plus qu’un fond uni où tout rentre.
Vers les dernières années, les contestations et les aigreurs redoublaient autour de lui ; il restait la modération même. Un de ses amis avait signé purement et, simplement le Formulaire sans ajouter d’explication, le croyant pouvoir faire en conscience d’après les termes du Bref d’Innocent XII (in sensu obvio) : quelques-uns l’en blâmaient, et ne le voyaient plus du même œil qu’auparavant ; M. de Beaupuis le défendit, alléguant en sa faveur les derniers sentiments de MM. Arnauld et Nicole : « J’aurois pourtant de la peine, ajoutait-il, à excuser tout à fait ceux qui ne signeroient ainsi que dans la vue d’un bénéfice, ou pour tout autre intérêt… Mais qui sommes-nous pour condamner, en ce point qui nous est inconnu, le serviteur d’autrui ? S’il tombe ou s’il demeure ferme, cela regarde son Maître. » Indulgence pour autrui, vigilance pour lui-même !
Comme on le pressait, vers la fin, de relâcher quelque chose de la rigueur de sa vie à cause de son grand âge, il répondait que cet âge, au contraire, l’avertissait « qu’il falloit doubler la garde. » Durant sa dernière maladie, cette âme égale ressentit, malgré tout, quelque extraordinaire angoisse, une sorte d’effroi, à la prochaine vue du Jugement et de l’Éternité. Une personne qui était