encore deux autres frères de Du Fossé, qui moururent jeunes ; les fils de M. de Guénegaud ; ceux de M. de Bagnols, dont l’un fut Conseiller d’État ; ceux de M. de Bernières, dont la postérité s’en va refleurir dans les lettres de la jeunesse de Voltaire ; les Périer, neveux de Pascal. Je rencontre M. de Bois-Dauphin, petit-fils de
fils. J’y vois des circonstances de famille beaucoup plus simples. M. d’Andilly sans doute (et on le savait déjà) était pour ses enfants, excepté pour M. de Pomponne, un père moins tendre qu’on n’aurait voulu. Le jeune Villeneuve, qui tenait de sa race une certaine opiniâtreté, et qui avait envie de s’émanciper, comme il est ordinaire aux jeunes gens, se décide pour le parti des armes, sans égard pour les désirs de son père et pour ses propres moyens physiques : il était myope, et peu capable de conduire des soldats. D’Andilly, en envoyant son fils à Fabert, fait comme eussent fait à peu près tous les pères en sa place : pour dégoûter son fils, ou pour éprouver du moins sa vocation, il recommande à son ami de ne pas trop le ménager, et de faire en sorte qu’il mange un peu, comme nous dirions, de la vache enragée. Là est tout le crime.. Villeneuve tient bon et persévère, en digne Arnauld qu’il est. Alors on cède, on lui accorde ce qu’il désire ; il part comme enseigne et meurt dans sa première campagne. J’avoue que je ne saurais voir là-dedans matière à cet enchaînement de considérations providentielles qui se trouvent développées, en des termes si singuliers, aux pages 212 et 215 du tome II de La Vérité sur les Arnauld. Dire du mal de Port-Royal, cela porte malheur en fait de logique et de style. — Voici un passage de la Correspondance entre M. d’Andilly et Fabert, qui donne le vrai ton et qui me semble caractéristique. M. de Villeneuve était en garnison à Sedan sous les ordres de Fabert ; celui-ci écrivait à M. d’Andilly, à la date du 11 avril 1657 : « Il n’est pas encore bien certain que j’envoie des compagnies d’infanterie à l’armée ; il faut en lever pour cela, à quoi je trouve beaucoup de difficultés ; mais si je l’entreprends, M. d’ Villeneuve y pourra avoir emploi puisque vous laissez cela à moi ; mon opinion étant qu’ayant une épée au côté, il la faut rendre utile à sa patrie ou la remettre au croc. Une campagne vous fera connoître ce que l’on doit attendre du génie de M. votre fils. Il a beaucoup de volonté ; il ne prend pas légèrement des pensées, il est ferme dans ses résolutions et ne veut pas demeurer dans un état au-dessous de sa naissance. Sa vue seule me fait peine ; hors cela, je serois absolument persuadé de lui pour toutes choses. » (Manuscrits de la Bibliothèque de l’Arsenal, Papiers de la famille Arnauld, tome II, no 163.)