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PORT-ROYAL.

bita deux années ; mais la persécntion de 1679 l’en fit sortir. Tout le crédit de son père et de ses parents, qu’il mit en action pour obtenir de retourner en cette patrie de Port-Royal, demeura inutile. Il se retira alors à la terre de Tillemont même, dont il portait le nom, à une lieue de Vincennes, près Montreuil ; et, à part un voyage en Hollande[1], il n’en sortit plus jusqu’à sa mort que pour de courtes visites qu’il faisait chaque année, au temps des vacances, chez ses amis.

M. Tronchai, qui passa auprès de lui comme secrétaire les huit dernières années, nous a laissé la Vie et l’Esprit de M. de Tillemont. Éditeur des Mémoires de Fontaine, M. Tronchai nous a paru sévère dans le jugement qu’il en a porté[2] ; mais lui-même, avec plus de précision et plus de critique, n’a-t-il pas été comme le Fontaine de son pieux et docte maître ? Il mérite en effet cette louange, plus grande dans notre bouche qu’il n’eût pu le supposer. J’ai déjà emprunté beaucoup à son excellent portrait de Tillemont, et je continue d’en tirer un à un les meilleurs traits, tant il y a, selon moi, de finesse et de nuance dans l’aplomb même et l’uniformité de cette sainte figure.

M. de Tillemont avait pour maxime que « l’esprit de l’homme, naturellement inconstant, a besoin d’être arrêté par une suite d’actions fixes, afin que, sachant ce qu’il a à faire, il ne soit pas emporté par sa propre légèreté. » Depuis quatre heures du matin en Carême, et quatre heures et demie dans le cours ordinaire de l’année, jus-

    écu blanc. » — Et c’est dans les Papiers du ministre secrétaire d’État, M. de Pomponne, frère de M. de Luzanci, qu’on est tout étonné de rencontrer ces comptes et mémoires d’ouvriers de la maison des Champs.

  1. Il y alla pour visiter M. Arnauld qui y était réfugié, et M. de Neercassel, évêque de Castorie (et réellement archevêque d’Utrecht), le grand auxiliaire de Port-Royal en ce pays.
  2. Tome II, page 245.