Page:Sainte-Beuve - Portraits contemporains, t1, 1869.djvu/245

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Nous parcourrons rapidement l’ouvrage où le nouvel essor de cette âme ardente et violemment aimante se trahit tout entier :

« Prêtez l’oreille et dites-moi d’où vient ce bruit confus, vague, étrange, que l’on entend de tous côtés.

« Posez la main sur la terre, et dites-moi pourquoi elle a tressailli.

« Quelque chose que nous ne savons pas se remue dans le monde : il y a là un travail de Dieu.

« Est-ce que chacun n’est pas dans l’attente ? est-ce qu’il y a un cœur qui ne batte pas ?

« Fils de l’homme, monte sur les hauteurs et annonce ce que tu vois ! »

Et viennent alors les signes évidents, les bouleversements d’hier et ceux de demain qui se devinent, les peuples héroïques qui succombent, mais qui renaîtront ; l’agitation sourde, universelle, du vieux monde et les apprêts sombres et irrécusables d’un dernier grand combat. Mais écoutons encore le poëte-apôtre.

« Tout ce qui arrive dans le monde a son signe qui le précède.

« Lorsque le soleil est près de se lever, l’horizon se colore de mille nuances, et l’Orient paraît tout en feu.

« Lorsque la tempête vient, on entend sur le rivage un sourd bruissement, et les flots s’agitent comme d’eux-mêmes.

« Les innombrables pensées diverses, qui se croisent et se mêlent à l’horizon du monde spirituel, sont le signe qui annonce le lever du soleil des intelligences.

« Le murmure confus et le mouvement intérieur des