Et quant m’amye il vit tant florissant,
De grand despit rougist sa verte face,
En me disant : Tu cuydes qu’elle efface
A mon advis les fleurs qui de moy yssent ?
Je lui respond : Toutes tes fleurs périssent
Incontinant que yver les vient toucher ;
Mais en tout temps de ma Dame florissent
Les grans vertuz, que mort ne peult sécher.
Pour ce qui est du joli dizain de l’Aurore en particulier, il paraîtra piquant d’avoir encore à le rapprocher d’une épigramme de Q. Lutatius Catulus, que rapporte Cicéron dans le traité de la Nature des Dieux. C’est une épigramme tout à fait à la grecque, mais la similitude de l’image reste frappante :
Constiteram exorientem Auroram forte salutans,
Quum subito a lœva Roscius exoritur.
Pace mihi liceat, Cœlestes, dicere vestra,
Mortalis visus pulchrior esse deo.
- ↑ Ainsi l’éditeur a soin d’indiquer que les pièces de la page 96 sont de Saint-Gelais : mais, en y regardant bien, il se trouve que le huitain : Cessez, mes yeulx, etc., de la page 94, est également de l’aumônier-poëte.