Page:Sainte-Beuve - Tableau de la poésie française au XVIe siècle, éd. Troubat, t1.djvu/92

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Retraiez-vous sous l’estendard
De Nonchaloir sans plus attendre ;
S’à Plaisance vous laissiez rendre,
Vous estes mort, Dieu vous en gard !
Fuyez le trait de Doulx regard.


C’est encore de Charles d’Orléans que sont ces quatre vers, dont seraient fiers et heureux nos plus charmants poëtes :

Comment se peut ung poure cueur deffendre,
Quand deulx beaulx yeulx le viennent assaillir ?
Le cueur est seul, désarmé, nu et tendre,
Et les yeulx sont bien armés de plaisir.


La première et la plus longue pièce de vers que présente le recueil de 1803, celle qui commence par ce vers :

Au temps passé, quant Nature me fist, etc.


est tout à fait dans le goût des fictions allégoriques à la mode. Dame Nature confie le nouveau-né aux mains de Dame Enfance ; bientôt Aage, messager de Dame Nature, apporte à Dame Enfance une lettre de créance pour qu’elle ait à remettre son pupille aux soins de Dame Jeunesse, qui à son tour le présente à Vénus et à Cupido. La description de la demeure et de la cour de Cupido ressemble fort au temple du même dieu