Page:Sainte-Beuve - Volupté.djvu/355

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avant Pâques et à la fin de l'année. Ceux qui devaient recevoir une ordination subissaient un autre examen à l'évêché, ou ailleurs devant l'évêque. Les ordinations étaient précédées d'une retraite de huit jours, pendant lesquels tous les exercices d'étude demeuraient suspendus.

On remplissait le temps par d'édifiantes lectures, et il y avait sermon matin et soir. Chaque séminariste devait passer par cinq ordinations : la tonsure, les ordres moindre, le sous-diaconat, le diaconat et le sacerdoce. La tonsure était le plus simple degré, un pur signe, et n'enchaînait à rien ; elle ne s'adressait qu'à une mèche de cheveux coupés, à la portion la plus flottante et la plus légère de nous-même. Les petits ordres, au nombre de quatre, et qui se conféraient tous à la fois, avaient leur vrai sens dans la primitive Eglise ; là, en effet, on devenait successivement : 1° portier, celui qui tient les clefs et qui sonne la cloche ; 2° lecteur, celui qui tient et lit le livre sacré ; 3° exorciste, celui qui a déjà le pouvoir de chasser les démons ; car en ces temps-là les possédés, en qui se réfugiaient les dieux et oracles vaincus, abondaient encore ; 4° acolyte, celui qui sert et accompagne l'évêque et qui porte ses lettres. Le sous-diacre est admis à toucher le calice, le diacre avait droit d'en distribuer au peuple la liqueur sanglante, dans les temps où l'on communiait sous les deux espèces ; mais le prêtre seul consacre les espèces et y fait descendre Dieu ; seul il dispense les sacrements, sauf la confirmation et les ordres, réservés à l'évêque, et encore celui-ci peut-il déléguer au prêtre autorité à cet effet. La plus grave pourtant, la plus solennelle de nos ordinations était celle du sous-diaconat, parce qu'elle oblige au vœu de chasteté perpétuelle ; c'était le moment où notre vie se liait indissolublement aux devoirs de la hiérarchie catholique.

Le consentement du sous-diacre futur ne résultait pas de sa simple présentation à l'église sous les yeux de l'évêque :