Page:Salluste, Dotteville - Traduction de Salluste.djvu/403

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

colline qui étoit à portée de l’embuscade. Jugurtha, sans armes, comme on en étoit convenu, s’y rendit avec la plupart de ses amis. Aussi-tôt on donna le signal ; on l’enveloppa de toutes parts ; on tua ceux qui l’accompagnoient, & on le livra chargé de chaînes[1] à Sylla, qui le conduisit à Marius.

CXI Dans ce même temps, nos Généraux Q. Cæpion & M. Manlius furent vaincus par les Gaulois ; toute l’Italie en fut dans la consternation. Les Romains, assurés de vaincre les autres Nations, croyoient alors, & ont cru jusqu’à nos jours, avoir plus à combattre pour

  1. Jugurtha, après avoir été conduit ignominieusement à la suite d’un char de triomphe, fut jeté dans un cachot, où il mourut de faim au bout du huitieme jour. Telle fut la fin malheureuse où ses crimes l’entraînerent, malgré son esprit, sa valeur & ses richesses. Cette guerre ne pouvoit, à mon gré, se terminer d’une maniere plus honteuse pour les Romains. N’est-ce pas perdre le fruit de leurs victoires, que de recourir à une trahison, pour achever de predre un Prince qu’ils pouvoient avec honneur accabler par leurs armes ? Cependant Salluste, qui nous a prodigué sa Morale pour des sujets bien moins nécessaires, n’en fait pas ici le moindre usage ; il semble même approuver toute cette conduite. Ce n’étoient plus ces Romains qui s’étoient cru obligés de découvrir à un Roi ennemi les trahisons que ses sujets foranoient contre lui.