Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/383

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les avaient traversées, se reformaient de nouveau sur les hauteurs. (5) Quant à leur cavalerie, loin de leur être d’aucun secours, quoique très nombreuse, elle était si effrayée des combats précédents, qu’ils étaient forcés de la renfermer dans le centre, et de la défendre. Aucun homme ne sortait de la ligne sans être enlevé par la cavalerie de César.

(1) Avec une telle manière de combattre, on avançait peu et lentement ; et à chaque instant il fallait faire halte pour porter secours aux derniers rangs. (2) Aussi, après une marche de quatre milles, toujours plus vivement poursuivis par notre cavalerie, ils sont forcés de gagner une haute montagne, et là ils fortifient leur camp du côté qui fait face à l’ennemi, sans décharger le bagage. (3) Lorsqu’ils virent notre camp établi, nos tentes dressées, et notre cavalerie partie pour le fourrage, ils se mettent en marche aussitôt : c’était vers la sixième heure, et ils comptaient nous devancer, tandis que nous attendrions notre cavalerie. (4) César s’en étant aperçu, prend le reste des légions, laisse quelques cohortes pour garder le bagage, et ordonne qu’à la dixième heure les fourrageurs le suivent et que la cavalerie soit rappelée. Celle-ci revient à la hâte reprendre son service journalier : (5) on combat si vivement à l’arrière-garde, que l’ennemi est prêt à tourner le dos : un grand nombre de soldats et plusieurs centurions sont tués. Cependant l’armée de César approchait et allait tomber sur eux.

Les Pompéiens s’arrêtent. César cherche à les investir

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(1) Alors, ne pouvant ni chercher un lieu convenable pour camper, ni continuer leur route, ils sont forcés de s’arrêter, et assoient leur camp dans une position désavantageuse et éloignée de toute eau. (2) César, par les mêmes motifs que l’on a dit ci-dessus, ne voulut pas les attaquer ; mais il défendit que l’on dressât les tentes afin d’être plus à portée de les suivre, s’ils tentaient de s’échapper, soit de nuit, soit de jour. (3) L’ennemi, remarquant le désavantage de son poste, travaille toute la nuit à étendre ses retranchements et à changer la disposition du camp. Ils font de même le lendemain dès la pointe du jour, et emploient toute la journée à ce travail. (4) Mais plus ils s’étendaient et prolongeaient leur camp, plus ils s’éloignaient de l’eau, et ainsi ils remédiaient à un mal par un autre. (5) La première nuit personne ne sortit du camp pour aller à l’eau : le jour suivant on laissa une garde au camp, et toute l’armée y alla en masse ; mais personne n’alla au fourrage. (6) César aimait mieux les réduire par ces privations à la nécessité de se rendre, que de risquer un combat ; il travailla néanmoins à les enfermer par un retranchement et par un fossé, pour empêcher, autant que possible, les irruptions soudaines auxquelles il prévoyait bien qu’ils auraient recours. (7) Alors, manquant de fourrage et ne voulant pas être gênés dans leur marche, ils firent tuer toutes leurs bêtes de somme.

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(1) Deux jours sont employés à ces préparatifs : le troisième, les travaux de César étaient déjà fort avancés. Voulant les interrompre, les chefs ennemis, à un signal donné, font sortir les légions, et les rangent devant le camp. (2) César rappelle les