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Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/481

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ne lui eût pas donné le loisir de s’échapper, il serait tombé vivant au pouvoir de César.

LXXVII. César, tant de fois vainqueur, ressentit de cette victoire une joie incroyable. En effet, il avait terminé rapidement une guerre importante (12), et le souvenir du péril le charmait d’autant plus que la difficulté même de réussir lui avait facilité la victoire. Après avoir ainsi reconquis le Pont, et abandonné tout le butin aux soldats, il part le lendemain avec ses cavaliers équipés à la légère, ordonne à la sixième légion de se rendre en Italie pour y recevoir les récompenses et les honneurs qu’elle mérite, renvoie à Déjotarus ses troupes, et laisse dans le Pont deux légions sous le commandement de Coelius Vinicianus.

LXXVIII. De là il traverse la Gallo-Grèce et la Bithynie pour se rendre en Asie[1], décidant les différends de toutes ces provinces, et réglant les droits des tétrarques, des rois et des villes. Quant à Mithridate de Pergame, qui, comme on l’a vu, nous avait secondés en Égypte avec tant de zèle et de bonheur, prince d’ailleurs de race royale, et qui avait reçu une éducation de roi, car Mithridate, roi de toute l’Asie, l’avait tiré de Pergame bien jeune encore, et l’avait gardé avec lui, dans son camp, pendant plusieurs années, César l’établit roi du Bosphore, auparavant possédé par Pharnace, et assura ainsi la tranquillité des provinces romaines contre les insultes des Barbares et des rois nos ennemis, en plaçant entre eux et elles un roi tout dévoué. Il lui adjugea pareillement la tétrarchie de la Gallo-Grèce, comme lui revenant d’après les lois du pays et par le droit de sa naissance, quoique Déjotarus en fût en possession depuis plusieurs années. Du reste, il ne s’arrêta nulle part plus longtemps que les troubles intérieurs de Rome ne semblaient le lui permettre ; et, après avoir tout terminé avec autant de bonheur que de célérité, il arriva en Italie plus tôt qu’on ne l’attendait.


  1. C’est-à-dire dans la province romaine ou l’Asie proconsulaire.