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Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/541

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parts, se battirent entre eux, et, après un horrible massacre, ils firent une sortie. Les nôtres profitèrent de cette occasion pour reprendre la ville, et firent quatorze prisonniers. De là ils marchèrent sur Urso, ville très forte et si bien défendue par l’art et par la nature, que sa situation semblait détourner un ennemi de l’assiéger. En outre, il n’y avait de l’eau que dans la ville de Munda ; et à huit milles à la ronde il eût été impossible d’en trouver ; ce qui était d’un grand avantage pour les habitants. De plus, pour avoir les matériaux nécessaires à la construction des tours et des terrasses, il fallait aller à près de six mille pas. Pompée, pour assurer la défense de la ville, avait fait couper et porter dans la place tout le bois des environs. Ainsi, de toute nécessité, nos gens étaient obligés de tout faire venir de Munda, dont ils s’étaient récemment rendus maîtres.

XLII. Tandis que ces choses se passaient à Munda et à Urso, César, qui de Gadès était retourné à Hispalis, y tint le jour suivant une grande assemblée, et dit qu’au commencement de sa questure, il avait particulièrement affectionné cette province, et lui avait rendu tous les services qu’il avait pu ; qu’ensuite, élevé à la dignité de préteur, il avait obtenu pour elle du sénat la remise des impôts dont Metellus l’avait chargée ; qu’en même temps, l’ayant prise sous son patronage, il avait souvent procuré l’entrée du sénat à ses députés, et encouru bien des haines pour défendre ses intérêts publics ou privés ; que, de même, pendant son consulat, il avait pourvu, quoique absent, au bien de la province ; et que, cependant, oubliant tant de bienfaits, ils s’étaient toujours montrés ingrats envers lui et envers le peuple romain, dans cette guerre comme par le passé, « Quoique vous connussiez bien le droit des gens et celui des citoyens romains, ajouta-t-il, vous avez, comme des Barbares, porté vos mains, et plus d’une fois, sur la personne sacrée des magistrats du peuple romain ; vous avez voulu assassiner Cassius en plein jour sur la place publique. Vous avez été en tout temps si fort ennemis de la paix, que le peuple romain était constamment forcé de tenir des légions dans cette province. Chez vous les bienfaits passent pour des injures, et les injures pour des bienfaits. Jamais vous n’avez pu montrer ni union dans la paix ni courage dans la guerre. Le jeune Pompée, simple particulier, reçu par vous dans sa fuite, s’est arrogé les faisceaux et le souverain pouvoir : après avoir massacré nombre de citoyens, il a levé des troupes contre le peuple romain, et, encouragé par vous, il a dévasté les champs et la province. Comment pouviez-vous espérer de vaincre ? Ne saviez-vous donc pas qu’après moi le peuple romain avait dix légions capables non seulement de vous résister, mais de bouleverser le monde ? que, par leur renommée et par leur valeur… (15) »