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Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/653

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XXI. — Guerre contre les Volsiniens (An de Rome 488). — Le dernier des peuples de l’Italie qui se rangea sous notre domination fut les Volsiniens, les plus riches des Étrusques. Ils implorèrent le secours de Rome contre leurs anciens esclaves qui, tournant contre leurs maîtres la liberté qu’ils en avaient reçue, s’étaient arrogé le pouvoir, et dominaient dans la république (87). Mais ils furent châtiés par notre général, Fabius Gurgès.

XXII. — Des séditions. — C’est là le second âge et comme l’adolescence du peuple romain ; il était alors dans toute sa force, et l’on voyait en lui la fleur d’un ardent et impétueux courage. Il conservait encore quelque chose de la rudesse des pâtres ; il respirait une sorte de fierté indomptable. Aussi vit-on l’armée de Postumius, frustrée du butin qu’il lui avait promis, se révolter dans son camp et lapider son général[1] ; celle d’Appius Claudius ne pas vouloir vaincre quand elle le pouvait[2] ; et la plus grande partie du peuple, soulevée par Voleron, refuser de s’enrôler, et briser les faisceaux du consul[3]. Aussi les plus illustres patriciens, pour s’être opposés à la volonté de la multitude, furent-ils punis par l’exil ; témoin Coriolan, qui exigeait qu’on cultivât les terres, et qui, au reste, aurait cruellement vengé son injure par les armes, si, le voyant prêt à planter ses étendards sur les murs de Rome, sa mère Véturie ne l’eût désarmé par ses larmes[4] : témoin Camille lui-même, soupçonné d’avoir fait entre le peuple et l’armée une injuste répartition du butin de Véies[5]. Mais, meilleur citoyen que Coriolan, il alla languir dans la ville qu’il avait prise[6], et vengea bientôt des Gaulois ses concitoyens suppliants. Le peuple soutint aussi contre le sénat une lutte violente, injuste et funeste; abandonnant ses foyers, il fit à sa patrie la menace de la changer en solitude et de l’ensevelir sous ses ruines.

XXIII. — Première sédition. — (An de Rome 259-260). — La première dissension civile eut pour motif la tyrannie des usuriers, qui faisaient battre leurs débiteurs comme des esclaves. Le peuple en armes se retira sur le mont sacré ; et ce ne fut qu’avec peine, et après avoir obtenu des tribuns (88) qu’il fut ramené par l’autorité de Ménénius Agrippa, homme éloquent et sage. Il reste, de sa harangue antique, l’apologue qui fut assez puissant pour rétablir la concorde : « Autrefois, dit-il, les membres du corps humain se séparèrent, se plaignant que ; tandis qu’ils avaient tous des fonctions à remplir, l’estomac seul demeurât oisif. Devenus languissants par suite de cette séparation, ils tirent la paix quand ils eurent senti que, grâce au travail de l’estomac le sang, formé du suc des aliments, circulait dans leurs veines[7]. »

XXIV. — Deuxième sédition. — (An de Rome 302 - 304). — La licence du décemvirat alluma dans le sein même de Rome la seconde sédition. Dix des principaux citoyens avaient été choisis pour rédiger, d’après la volonté du peuple les lois apportées de la Grèce ; déjà tout le droit était classé dans les douze tables ; mais possédés comme d’une fureur royale, ils retenaient

  1. An de Rome 342.
  2. An de Rome 284.
  3. An de Rome 284.
  4. An de Rome 266.
  5. An de Rome 364.
  6. Non pas à Véies, mais à Ardée.
  7. V. Val. Max. viii 9 Liv. ii, 32.