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Page:Salluste - Traduction de Jean-Henri Dotteville, 1775, 4e édition.djvu/229

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tice, & ſur-tout les dangers qui ſont aujourd’hui le partage de l’innocence, au lieu des honneurs, me détourneroient de prendre vos intérêts. En ef‍fet, je rougis de dire à quel point vous fûtes le jouet d’un petit nombre de Tyrans orgueilleux, pendant ces quinze années qui furent ſi funeſ‍tes à vos Défenſeurs[1] ; comment vous les laiſſates périr ſans les venger, & combien vous a énervés cette lâcheté & cet engourdiſſement, puiſque vous ne vous élevez pas même à préſent contre des ennemis qui vous donnent tant de priſe ſur eux, & que vous craignez encore ceux dont vous devriez être la terreur. Cepen-

  1. Ce diſcours fut prononcé en 641, cinq ans après le maſſacre de C. Gracchus, & vingt ans après celui de Tiberius. Memmius parle ici des quinze années qui s’ecoulerent entre la mort des deux freres. Il les appelle his annis, pour faire entendre que c’étoient des années fameuſes, par le carnage qu’on y avoit fait de tous les zélés partiſans du Peuple. Il parle plus bas des cinq autres : Superioribus annis taciti indignabamini. Elles s’étoient paſſées dans uns tranquillité apparente. Le Peuple intimidé manquoit de Chefs ; & les Nobles, maîtres de tout, n’avoient plus d’intérêts de ſervir : Utriuſque cladis lubido eorum f‍inem fecit.