Cette page n’a pas encore été corrigée
jets. Il eſt vrai que les Gracques, dans le deſir de l’emporter, ne garderent pas aſſez de modération ; le Sage aime mieux être vaincu, que de triompher par de mauvaiſes voies[1]. La Nobleſſe, de ſon côté, dans ſa victoire, n’écouta que ſa paſſion. Elle maſſacra ou mit en fuite un grand nombre de Citoyens, & ſe fi t plus craindre qu’elle n’augmenta ſa puiſſance. Telle a preſque toujours été la cauſa du renverſement des plus grands États. Les deux Partis s’acharnent à l’emporter à quelque prix que ce ſoit, & à exercer ſur le Vaincu la vengeance la plus complette. Le temps me manqueroit plutôt que la matiere, ſi je voulois parler en détail & d’une façon qui y
- ↑ Bono vinci ſatius eſt , quàm malo more injuriam vincere. J’avois mal rendu cette petite phraſe dans les Editions précédentes. Je croyois que bono ſe rapportoit à more, ainſi qu’il paroît devoir le faire pour former l’antitheſe avec malo, qui certainement s’y rapporte. Sed ſatius eſt vinci bono more, quàm vincere injuriam malo more. Je n’étois pas content du ſens qui en réſultoit, & j’en faiſois l’aveu dans ma note. Je crois avoir mieux rencontré dans cette Edition. Je ſuppoſe que Bonus ſignifi e ici l’Homme de bien, le Sage ; comme dans cette autre phraſe, Nam gloriam bonus, ignavus æque ſibi exoptant. Satius eſt Bono vinci.—Il eſt préférable au Sage d’être vaincu. Ce ſens, qui devient fort clair, eſt conforme à la ſaine Morale, & ne peut que faire honneur à Salluſt e.