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Page:Salluste - Traduction de Jean-Henri Dotteville, 1775, 4e édition.djvu/330

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à Rome, pour demander notre Alliance, quelques gens, accoutumés à faire traf‍ic de tout, aveuglés par leur avarice, la lui avoient fait refuſer, malgré l’avantage que nous pouvions en retirer dans ces circonſ‍tances. Il y avoit déja quelques temps qu’il avoit épouſé une f‍ille de Jugurtha[1] ; mais ce genre d’alliance n’eſ‍t pas compté pour beaucoup parmi les Maures & les Numides ; chacun y prend un nombre de femmes proportionné à ſon revenu, les uns dix, d’autres davantage, les Rois encore plus. L’af‍fection ſe perd dans cette multitude. On ne regarde aucune d’elles comme ſa véritable compagne ; on les mépriſe toutes.

LXXX. Les deux Rois ſe rendirent avec leurs armées dans un lieu dont

  1. Etiam anteà Jugurthæ, f‍ilia Boccho nupſerat. Quelques Editions portent : Jugurthæ, f‍ilia Bocchi nupſerat—Bocchus avoit donné une de ſes f‍illes en mariage à Jugurtha. Voici ce qui m’a porté à changer cette derniere leçon que j’avois ſuivie d’abord. Si Bocchus eſ‍t le beau-pere, c’eſ‍t la tendreſſe paternelle qui l’excite en faveur de ſon gendre. Salluſ‍te lui donne pour motif l’amour conjugal. Il eſ‍t donc l’époux.