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Page:Salluste - Traduction de Jean-Henri Dotteville, 1775, 4e édition.djvu/336

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Sénat, quoique mal intentionné pour lui, n’oſoit lui rien refuſer. Ce fut même avec joie qu’il lui donna la permiſſion de lever des recrues. Comme le Peuple n’aime pas ordinairement à aller à la guerre, il croyoit que Marius ſe priveroit lui-même de cet avantage, ou perdroit ſa faveur ; il ſe trompa. Ce fut un empreſſement preſque général à le ſuivre. Chacun, en particulier, ſe promettoit de s’enrichir dans cette guerre, & ſe repaiſſoit de mille autres chimeres. Marius n’avoit pas peu contribué à les encourager. Après avoir obtenu tous les décrets qu’il avoit ſouhaités, lorſqu’il voulut faire ſes levées, il convoqua le Peuple, af‍in de l’exhorter, & d’invectiver en même-temps contre les Nobles, ſuivant ſa coutume. Voici le diſcours qu’il prononça[1] :

  1. Marius n’étoit point éloquent ; il paroiſſoit même comme ſ‍tupide, lorſqu’il n’étoit queſ‍tion que de parler. La guerre étoit ſon unique élément ; cependant ce Diſcours eſ‍t peut-être le plus vif & le mieux tourné qu’on liſe dans Salluſ‍te. Je ne doute point qu’il ne ſoit de celui-ci ; quand il y auroit eu dans ce temps-là quelqu’un qui fût capable de le compoſer, je ne crois pas que le ſauvage Marius (hirtus, horridus, comme dit Velléius) eût voulu ſe donner la peine de l’apprendre ni de le réciter.