Page:Salluste - Traduction de Jean-Henri Dotteville, 1775, 4e édition.djvu/46

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portées d’aſſaut, quoique la Nature eût ſemblé les rendre imprenables.

VIII. Mais la Fortune[1] étend ſon empire ſur tout. Son caprice, plutôt que la Vérité, lui fait obſcurir ou embellir les objets. Je penſe que les actions des Athéniens ont été belles & héroïques, mais un peu au deſſous de leur renommé. Comme elles ont été répandues & célébrées dans tout l’univers, par le grand nombre d’excellents Hif‍toriens qu’ils ont eus, elles ont paſſé pour auſſi grandes en elles-mêmes, que des génies d’un ordre ſupérieur ont ſu le faire paroître dans leurs écrits. Les Romains n’ont jamais eu cet avantage. Chez eux les plus habiles étoient les plus occupés ; on ne ſéparoit point les exercices de l’eſprit, de ceux du corps. Plus jaloux de bien agir

  1. Ces mots Fortune & Haſard ſont-ils abſolument vuides de ſens ? & faut-il les regarder comme des êtres de raiſon, qui ne doivent leur naiſſance qu’à l’ignorance du Paganiſme ? Non. Dans la bouche d’un homme ſenſé, tel que Salluf‍te, ils ſignif‍ient une combinaiſon de circonf‍tances indépendantes de nous, que nous ne pouvons ni empêcher ni ſouvent prévoir. Cette remarque ef‍t applicable à tous les endroits où il ſera quef‍tion de la Fortune.