Page:Salluste - Traduction de Jean-Henri Dotteville, 1775, 4e édition.djvu/80

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l’Etrurie, ſollicitoit le petit peuple qui, ayant été dépouillé par Sylla de ſes biens & de ſes terres, étoit porté, par le chagrin de cette injuſtice, & par ſa miſere, à deſirer du changement. Il tâchoit auſſi de gagner les brigands[1] de toute eſpece, qui étoient en grand nombre dans cette Province, & quelques-uns des anciens ſoldats de Sylla, qui, après y avoir obtenu des terres, & fait un butin immenſe, ſe trouvoient dénués de tout par leurs profuſions & leurs débauches.

XXIX. Ciceron l’ayant appris, ſe trouva dans un double embarras. D’un côté, il n’avoit pas par lui-même aſſez de puiſſance pour défendre plus long-temps la Ville contre les entrepriſes de Catilina ; de l’autre, il ignoroit le nombre des troupes de Manlius & leur deſ-

  1. Latrones. Ce nom ſignif‍ioit au commencement des Soldats. Il ne fut point injurieux, tant que la Diſcipline régna parmi les troupes. Ce ſont les déſordres de ceux qui le portoient, qui l’ont rendu tel. On pourroit trouver dans notre langue pluſieurs mots qui ont ſubi un pareil changement d’idée.