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mot, ne sont pas plus intelligibles dans la traduction que dans l’original ? »[1]

La difficulté a pu servir d’excuse à Facciolati. Non-seulement les manuscrits varient souvent et ont subi des altérations importantes et multipliées ; mais la latinité de Quintus a un caractère particulier que l’on ne retrouve dans aucun auteur de son siècle, ni même, ce qui est remarquable, dans le petit nombre de lettres qui nous restent de lui.

Ces lettres, celles que son frère lui a adressées, et le rôle qu’a joué Quintus dans l’histoire de ce grand homme, font assez connaître son caractère. Quant à son talent, Cicéron lui attribue, à un degré supérieur, la finesse et l’élégance[2]. L’Essai sur la Candidature ne dément point cet éloge ; pour le prouver, il suffit de citer les paragraphes XII et XIV. Dans le premier, un art d’autant plus adroit qu’il se montre moins à découvert, met dans la bouche de Cotta, citoyen généralement respecté, la discussion et la confirmation d’un précepte peu fait pour plaire à la délicatesse de Cicéron ; dans le dernier, quelques coups de pinceau, non moins vrais que brillants et hardis, suffisent pour tracer de Rome une peinture vivante.

Mais, quelque opinion que l’on se forme de l’au-

  1. Lagrange, Traduction de Lucrèce, Préface, pag. 6.
  2. Quid enim tua potest oratione, aut subtilius, aut ornatius esse ? (Cic, de Orat., lib. III, § iii.)