Page:Salverte - Essais de traductions, Didot, 1838.djvu/45

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qui le consulat, le comble des honneurs, est devenu le comble de l’opprobre ? Est-il bien à craindre, ce L. Domitius dont tous les membres sont souillés de crimes ou d’infamies ? Ses mains sont ensanglantées, ses pieds fuyards, sa langue mensongère ; et plus déshonnête encore, ce qu’on ne peut honnêtement nommer.

Dans le seul M. Caton , je ne puis mépriser un esprit fin, adroit, facile dans ses discours : ce sont là des fruits de l’enseignement des Grecs[1]. Mais les Grecs n’enseignent pas l’habitude du travail, de la vigilance, de la vertu. D’un peuple qui, par sa lâcheté, a perdu son indépendance, peut-on recevoir des leçons bien sûres pour conserver l’empire ?

Le reste de la faction est composé des nobles les plus incapables, véritables statues qui n’ont de valeur que par les noms qui les distinguent. Je compare L. Posthumius et M. Favonius aux bagages superflus que porte un grand navire : arrive-t-on à bon port, on en tire parti ; au premier danger, c’est ce que de préférence on jette à la mer, comme ce qu’il y a de moins précieux.

Après avoir exposé les moyens de régénérer et de réformer le peuple, je dirai ce que tu dois, je pense, statuer à l’égard du sénat.

  1. Dans ce portrait de Caton, une partialité odieuse ne peut flétrir entièrement le plus vertueux des hommes. Salluste est forcé de rendre justice à sa prudence et à son éloquence. Les qualités qu’il lui refuse, le courage, la vigilance, l’habitude du travail, appartenaient si éminemment à Caton, qu’une telle imputation ne déshonore que son auteur.

    À cette image mensongère, opposez le parallèle de César et de Caton, tracé par la même main (Catilin. 54), et que termine ce trait profond, plus honorable qu’un long panégyrique : « Il aimait mieux être vertueux que de le paraître. »