Page:Salverte - Essais de traductions, Didot, 1838.djvu/57

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d’honneurs et la paix de dignités. Pour prix de bienfaits si grands, ce n’est point un crime, ce n’est point une action honteuse que nous te demandons, c’est le rétablissement de la liberté renversée. Accomplis cette œuvre, et la renommée de tes vertus volera parmi toutes les nations. Quelque brillantes, jusqu’à ce jour, qu’aient été tes actions comme guerrier et comme citoyen, cette gloire, toutefois, t’est commune avec d’autres grands hommes. Mais si tu relèves, sur le penchant de sa chute, cette cité dont le renom est si étendu, la puissance si auguste, quel mortel dans l’univers sera plus grand, plus illustre que toi[1] ? Si, au contraire, cet empire était détruit par ses vices ou par le destin, peut-on douter qu’à l’instant ne se répandissent sur toute la terre, les guerres, les massacres, la désolation ? Suis le noble désir de te montrer reconnaissant envers ta patrie et tes aïeux : et le rétablissement de la république t’assurera, dans la postérité, une gloire au-dessus de celle de tous les autres hommes ; et la mort seule pourra ajouter à l’éclat de ta vie. Tant que l’homme respire, la fortune l’attaque quelquefois, et plus souvent l’envie : dès que le héros a cessé d’être, ses détracteurs se taisent ; et chaque jour élève plus haut sa renommée. »

Pour moi, César, j’ai rédigé aussi brièvement que

  1. J’ai tâché, dans ma traduction, de faire sentir l’intention de Salluste. Il veut, je crois, placer César, restaurateur de la république, au-dessus de tous les héros passés, quoique la mort ait mis le sceau à leur gloire. Ce sera, dit-il, César seul dont la mort pourra élever la gloire au-dessus de celle de César vivant.