Page:Salverte - Essais de traductions, Didot, 1838.djvu/71

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Je n’en dirai pas davantage au sujet de la guerre.

Ton but et celui de tous les tiens étant d’affermir la paix, considère avant tout la nature de ce que tu te proposes, afin que, distinguant les inconvénients et les avantages, tu arrives sans obstacle à la vérité. Voici mon opinion : Puisque tout ce qui a commencé doit finir, à l’époque que le destin aura marquée pour la ruine de Rome, nos citoyens combattront les uns contre les autres ; et, épuisés ainsi de forces et de sang, ils deviendront la proie d’un despote ou d une nation étrangère. Autrement, ni l’univers, ni tous les peuples conjurés ne peuvent abattre ou ébranler cet empire. Il faut, en conséquence, rendre durables les avantages de la concorde, et prévenir les maux que les dissensions enfantent.

Tu y parviendras, si tu réprimes la licence des profusions et des rapines ; non en rappelant les institutions anciennes, rendues dès longtemps ridicules par la corruption des mœurs, mais en mettant chaque citoyen dans l’impossibilité de dépenser au delà de ce qu’il possède.

Aujourd’hui, grâce à l’usage, les jeunes gens croient se faire honneur en dévorant à la fois et leurs biens et ceux d’autrui, en ne refusant rien à leurs passions et à l’avidité de ceux qui les entourent. Voilà où ils placent la vertu et la grandeur d’âme ; et la modération et la retenue ne leur semblent plus que bassesse. Aussi ces esprits bouillants, égarés dans une voie perverse, dès que les ressources ordinaires ne leur suffisent plus, s’élancent avec avidité, tantôt