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SYMPHONIE HÉROÏQUE


Emportant des lambeaux d’empires déchirés,
Et la rougeur des grands assauts désespérés
Seule en nos sombres yeux allume un peu de joie.



Nos chevaux écumants soufflent de la terreur.
Nous avons le sauvage orgueil des capitaines ;
Et nous voulons, chargés de conquêtes lointaines,
Voir devant nous pressés des peuples par centaines,
Sur qui nous étendons un geste d’empereur.



LES ROIS


Nos robes vont traînant sur des fronts prosternés.
Au rythme lent des grands encensoirs qu’on balance,
Sous des coupoles d’or nous rêvons en silence.
Des tigres allongés gardent notre indolence.
Tout tremble, et nous régnons, graves et couronnés.



Au fond de nos palais de jaspe et de porphyre
Nous avons des milliers d’esclaves à genoux,