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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN


 
Ils font rugir la foudre au creux de leurs ravins ;
Et sous les vents du nord à la sauvage allure,
Ils semblent redresser leur antique stature,
Ravis de voir flotter comme une chevelure
           Leurs grandes forêts de sapins.



Au-dessus du troupeau servile et gras des plaines,
La fière aridité de leurs formes hautaines
Se drape en plein azur d’un manteau de clartés.
Ils sont les chastes monts aux aigles seuls propices,
Et la mort, les deux mains pleines de maléfices,
Garde sinistrement au bord des précipices
           Leurs terribles virginités.



Une douceur aussi dans leur grand cœur circule.
La corne pastorale au fond du crépuscule
De vallon en vallon sonne en se prolongeant.
Avec la brebis blanche et la chèvre grimpante
Les vaches des bergers s’égrènent sur la pente ;
Et toute la montagne, où maint troupeau serpente,
           Est pleine de cloches d’argent.