Page:Sand – Le Lis du Japon, 1866.pdf/7

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JULIEN.

Ah ! qu’elle est belle et qu’elle sent bon ! je n’en ai jamais vu de pareille. C’est un présent que tu me fais ?

MARCEL.

Oh ! des présents comme ça, je t’en souhaite ! ça vaut peut-être un millier d’écus !

JULIEN.

Ah ! bah ! c’est donc à notre oncle ?

MARCEL.

À qui veux-tu que ce soit ? C’est un lis d’Afrique, ou…

JULIEN.

Ou d’Asie ?

MARCEL.

Ou d’Amérique, je ne sais plus ; et ça s’appelle… Attends donc !… Ah ! ma foi, je ne sais plus. Ça m’est bien égal, tu penses ; mais ce que je sais, c’est qu’il me l’a confié avec des recommandations comme s’il s’agissait d’un enfant à mettre en nourrice.

JULIEN.

Et où portes-tu ça ?

MARCEL.

Je l’apporte chez toi, et je te le confie à ton tour. Il s’agit de faire le portrait de ce précieux végétal pendant qu’il est dans sa beauté, et notre oncle te donne pour ça…

JULIEN.

Combien ?

MARCEL.

Deux heures.

JULIEN.

Deux heures de sa tendresse ?

MARCEL.

Non, deux heures de ton travail. N’importe ! dépêche-toi, Julien, mets-toi à la besogne.