Page:Sand - Adriani.djvu/129

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

toutes les convenances sociales. Je ne me fais, au reste, qu’un très-léger mérite d’avoir su renoncer aux vanités et aux emportements de la jeunesse, dès le jour où la satisfaction de ces appétits violents me fut refusée par la fortune. Je ne devins point un sage : les plaisirs courent assez d’eux-mêmes après celui qui sait en procurer aux autres et qui ne s’en montre pas trop affamé. Mais je corrigeai en moi le travers du désordre, qui est une paresse de l’esprit, et je reconnus que j’avais conquis la liberté du lendemain avec un peu de prévoyance dans le jour présent.

» Enfin je ne souffris pas de jouir du luxe des autres, et de me dire que je n’aurais en ma possession que le nécessaire. Ces besoins qu’éprouvent les artistes de devenir ou de paraître grands seigneurs m’ont toujours semblé des faiblesses de parvenus. L’homme, qui a possédé par lui-même n’a plus cette fièvre d’éblouir qui dévore les pauvres enrichis. Élevé dans le bien-être, je ne méprisais ni n’enviais des biens dont ma prodigalité avait su faire gaiement le sacrifice à mes plaisirs, mais que je n’aurais pu reconquérir sans faire le sacrifice de ma fierté et de mon indépendance.

» La fortune est quelquefois comme le monde : elle sourit à ceux qui ne courent pas sur ses pas. Un petit héritage très-inattendu me permit de revenir à Paris. Je me fis encore entendre, j’eus de grands succès. Le pu-