serait bonne, car elle s’y connaît, ne lui ferait peut-être que du bien.
Je chantai ma dernière composition inédite : une idée riante et champêtre qui m’est venue en traversant l’Oberland, et dont je suis aussi content qu’on peut l’être d’une idée qui a pris forme. Pour moi, les idées latentes, si je puis parler ainsi, ont un charme que la réalisation détruit.
Madame de Monteluz, qui s’était sauvée dans le jardin pour pleurer, m’entendit. Toinette, qui s’inquiétait d’elle, et qui alla la trouver, revint me dire qu’elle me demandait, comme une charité, de recommencer.
Quand j’eus fini, la désolée ne donnant plus signe de vie, je pris définitivement congé de Toinette ; mais je n’avais pas gagné le revers du coteau, que Toinette me rattrapa.
— Je cours après vous pour vous remercier de sa part, me dit-elle. Elle a tant pleuré, qu’elle n’a presque pas la force de dire un mot, et elle a une douleur si discrète, qu’elle ne voudrait pas que vous la vissiez comme cela. Elle dit que ce serait bien mal vous récompenser de ce que vous avez fait pour elle, car elle pense que les larmes sont désagréables à voir.
— Désire-t-elle que je revienne un autre jour ?
— Elle n’a pas dit cela ; mais elle a dit : « Ah ! mon Dieu, c’est déjà fini ! quand retrouverais-je… ? » Elle s’est