Page:Sand - Andre.djvu/233

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s’exposait à l’air froid de l’automne. Un matin André entra chez elle et la trouva évanouie à terre ; il voulut ne plus la quitter et s’obstina à passer les nuits dans la chambre voisine. Il fallut y consentir : elle n’avait pas une amie pour la secourir. Ni Geneviève ni André, qui était réduit au même dénûment, n’avaient le moyen de payer une garde ; d’ailleurs André l’aurait-il remise à des soins mercenaires, quand il croyait pouvoir la soigner avec le respect et la sécurité d’un frère ?

Il ne savait pas à quel danger il s’exposait. Au milieu de la nuit, les cris de Geneviève le réveillaient en sursaut ; il se levait et la trouvait à moitié nue, pâle et les cheveux épars. Elle se jetait à son cou en lui disant : « Sauve-moi sauve-moi ! » Et, quand cet accès de frayeur fébrile était passé, elle retombait épuisée dans ses bras et s’abandonnait indifférente et presque insensible à ses caresses. André s’était juré de ne jamais profiter de ces moments d’accablement et d’oubli. Il s’asseyait à son chevet et rendormait en la soutenant sur son cœur ; mais ce cœur palpitait de toute l’ardeur de la jeunesse et d’une passion longtemps comprimée. Chaque nuit il espérait calmer le feu dont il était dévoré par une étreinte plus forte, par un baiser plus passionné que la veille ; et il croyait chaque nuit pouvoir s’arrêter à cette dernière caresse brûlante mais chaste encore.

Qu’y a-t-il d’impur entre deux enfants beaux et