Page:Sand - Andre.djvu/255

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— Eh bien ! reprenait le marquis, j’aurai toujours moyen d’être aimable et de faire de petits cadeaux à mes bergères quand je serai content d’elles.

— Eh ! sans doute ; au lieu du tablier de soie vous donnerez le tablier de cotonnade ; au lieu de la jupe de drap fin, la jupe de droguet. Quand c’est le cœur qui reçoit, la main ne pèse pas les dons.

— Ces drôlesses aiment la toilette, reprit le marquis.

— Eh bien ! vous ne réduirez en rien cet article de dépense ; vous ferez quelques économies de plus sur la table : au lieu du gigot de mouton rôti, un bon quartier de chèvre bouilli ; au lieu du chapon gras, l’oison du mois de mai. Avec de vrais amis, on dîne joyeusement sans compter les plats.

— Mes gaillards de voisins font pourtant diablement attention aux miens, reprit le marquis ; et, quand ils veulent manger un bon morceau, ils regardent s’il y a de la fumée au-dessus de la cheminée de ma cuisine.

— Il est certain qu’on dîne joliment chez vous, voisin ! Il en est parlé. Eh bien ! vous établirez la réforme dans l’écurie. Que faites-vous de trois chevaux ? Un bon bidet à deux fins vous suffit.

— Comme tu y vas ! Et la chasse ? ne me faut-il pas deux poneys pour tenir la Saint-Hubert ?

— Mais votre gros cheval ?

— Mon grison m’est nécessaire pour la voiture : veux-tu pas que je fasse tirer mes petites bêtes ?