Page:Sand - Antonia.djvu/248

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effleurer sa manche. Vous m’en voulez, madame d’Estrelle ! Vous avez tort : tout ce que j’ai fait, c’est dans votre intérêt. Pourquoi ne voulez-vous pas que je vous le dise ?

— Oui, au fait, dit Marcel, pourquoi refuserait-on de savoir ce que vous avez dans le ventre ? Pardon de l’expression, madame la comtesse, je suis un peu irrité ;… mais donnez-moi l’exemple de la patience. Écoutons, puisque c’est le jour d’affronter l’ennemi sur toute la ligne.

Julie se rassit en jetant sur M. Antoine un regard froid et sévère qui le troubla complètement. Il balbutia, bégaya et fut incompréhensible.

— Allons, reprit Marcel, vous n’arriverez pas à vous confesser, mon pauvre oncle ! C’est à moi de vous interroger. Procédons avec ordre. Pourquoi avez-vous mystérieusement quitté Paris le lendemain de certaine aventure tragique arrivée à une de vos plantes ?

— Ah ! tu vas parler de ça ? s’écria l’horticulteur, dont les petits yeux furibonds s’arrondirent.

— Oui, je vais parler de tout ! Répondez, ou j’emmène le juge, et vous restez condamné.

— Condamné à quoi ? dit Antoine en regardant Julie ; à sa haine ?

— Non, monsieur, à mon blâme et à ma pitié, répondit madame d’Estrelle en dépit des muets avertissements de Marcel, qui voulait amener l’oncle à résipiscence.

— Votre pitié ! de la pitié à moi ! reprit-il exas-