Page:Sand - Antonia.djvu/285

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de reprendre le gouvernement de sa chose. Il voulait la lui remettre intacte, lui rendre même ceux de ses gens qu’elle voudrait rappeler. Le suisse avait ordre de dire aux visiteurs que madame restait provisoirement propriétaire de sa maison, et qu’elle avait été voir ses terres du Beauvoisis pour aviser à des arrangements définitifs, c’est-à-dire que pour le qu’en dira-t-on, de concert avec Marcel, M. Antoine faisait présenter la situation de madame d’Estrelle comme la continuation d’une trêve conclue avec ses créanciers, et, comme cet état de choses durait déjà depuis deux ans, c’était là réellement l’explication la plus convenable. On aviserait à en trouver une concluante quand Julie consentirait à revenir.

Il n’en est pas moins vrai que les amis de Julie, le vieux duc de Quesnoy, la présidente, madame des Morges, l’abbé de Nivières, etc., commençaient à s’étonner beaucoup de ne point recevoir de ses nouvelles. Son brusque départ avait été motivé tant bien que mal, grâce aux renseignements semés adroitement par le procureur ; mais pourquoi n’écrivait-elle point ? Elle était donc bien paresseuse, malade peut-être ? Était-elle réellement en Beauvoisis ? Mais le vieux duc fut forcé d’aller aux eaux de Vichy, la présidente fut absorbée par le mariage de sa fille, l’abbé était un peu le chat de la maison, oublieux quand le foyer s’éteignait. Madame des Morges était l’indolence en personne. La marquise d’Estrelle eût été la seule à s’enquérir sérieusement, si sa malice n’eût été sou-