Page:Sand - Antonia.djvu/286

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dainement paralysée par une verte menace de M. Antoine de divulguer sa conduite, et de réclamer son argent, si elle se permettait la plus légère enquête et le plus mince commentaire désobligeant sur le compte de Julie.

On le voit, M. Antoine, en tout ce qui touchait à la réputation, à la sécurité et aux intérêts pécuniaires de sa victime, se conduisait avec une loyauté, une prudence et un dévouement extraordinaires. Il prenait les conseils de Marcel, les discutait comme s’il se fût agi de tout faire pour le mieux pour sa propre fille, et, les suivait avec une parfaite exactitude. Sur le fond de la question que Marcel s’efforçait de lui faire admettre, l’union des deux amants, il était inflexible, et comme, lorsque Marcel le pressait trop à cet égard, il prenait de l’humeur, le boudait et lui fermait la porte au nez, Marcel était obligé, dans l’intérêt de sa cliente, à des atermoiements dont il ne voyait pas la fin.

Madame Thierry et Julien étaient luxueusement installés dans leur jolie maisonnette, car la meilleure partie du mobilier y était restée, ainsi que certains objets d’art d’un assez grand prix que l’oncle avait dédaignés faute d’en connaître la valeur. Julien n’avait pas confiance dans cette générosité inattendue dont il lui avait été défendu de remercier M. Antoine, et qui s’entourait de circonstances inexplicables. Il en était si inquiet, que, sans le devoir de sacrifier sa propre fierté au repos de sa mère, il eût tout refusé. Leur