Page:Sand - Cadio.djvu/102

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MARIE. Ce n’est pas pour le plaisir de m’exposer, croyez-le bien ; je suis inquiète de mademoiselle de Sauvières, qui devrait être de retour.

SAINT-GUELTAS. J’ai envoyé des gens sûrs à sa rencontre sur le chemin de gauche.

MARIE. Et son père la cherche par le chemin de droite. Moi, je vais par ici. Je crains qu’elle n’ait pas reçu l’avis que nous lui avons fait donner, et qu’elle ne tombe dans quelque embuscade en voulant nous rejoindre à Pellevaux[1].

SAINT-GUELTAS. Un exprès a couru au Pont-Vieux pour lui dire que nous avons pris Saint-Christophe et que nous l’attendons là.

MARIE. Vous eussiez dû courir vous-même pour l’avertir.

SAINT-GUELTAS. Depuis quarante-huit heures, je n’ai ni mangé ni dormi, et pourtant me voilà. Mes soldats ont été scandalisés de me voir quitter la ville au moment où l’on se rassemblait à l’église pour le Te Deum. Ils prétendent que cela porte malheur, de ne pas remercier le ciel au son des cloches après chaque victoire. J’ai bravé leur mécontentement…, bien que je m’attende à ce que votre belle amie ne m’en sache aucun gré.

MARIE. Il ne s’agit pas de sa reconnaissance pour le moment, il faut assurer son retour.

SAINT-GUELTAS. Certes ! allons au-devant d’elle. Donnez-moi donc le bras, nous irons plus vite.

MARIE. Non, non ; passez devant. Je vous retarderais.

  1. Inutile de dire que les localités sont de convention.