LA MOUCHE. Une balle aux oreilles, ça l’arrêtera, (Il tire un coup de fusil. Marie court plus vite.)
TIREFEUILLE. Allons, faut l’attraper et l’emmener de force, tant pis ! (s’arrêtant.) Diable ! qu’est-ce que c’est que ça ?
LA MOUCHE. Les bleus ! les bleus ! Cachons-nous et tirons dessus quand ils passeront.
MARIE, rejoint un groupe de gardes nationaux républicains qui s’avance au galop. Sauvez-moi, je suis poursuivie !
CHAILLAC. Viens au milieu de nous, jeune citoyenne, et ne crains rien… Tiens, c’est la citoyenne Hoche ! une vraie patriote, mes amis ; elle va nous dire où sont les brigands… Quoi ! qu’est-ce que c’est ? elle est évanouie ?
MARIE, se ranimant. Non ! j’ai couru si vite… ce n’est rien.
CHAILLAC. Alors, réponds, citoyenne ! L’ennemi occupe Saint-Christophe ?
MARIE. Vous voyez bien le drapeau blanc sur l’église.
CHAILLAC. Tu étais prisonnière, et tu t’évadais ?
MARIE. Non.
CHAILLAC. Comment, non ?… Pourquoi courait-on après toi ?
MARIE. Je ne sais pas, un guet-apens, des bandits qui n’appartiennent à aucun parti que je sache.
CHAILLAC. Allons, fouillez ces broussailles. Eh bien, les enfants de la patrie hésitent ?
MOUCHON. Dame ! ils peuvent être plus nombreux que nous. (À marie.) Combien sont-ils ?
MARIE. Je n’en ai vu que deux ; mais ne vous jetez pas dans ces buissons. C’est là que vos ennemis sont invincibles parce qu’ils sont insaisissables.