Page:Sand - Cadio.djvu/127

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fortes. La nature humaine ne comporte pas ce degré d’excitation.

— La République en a trop appelé aux passions, je vous le disais bien !

— Que vouliez-vous qu’elle fît ? qu’elle mourût ?

— Non pas, mourons pour elle !

— Ce n’est pas difficile, allez ! La vie est si triste à présent ! Nos enfants meurent de frayeur dans le ventre de nos femmes.



SCÈNE VI. — HENRI, CHAILLAC, à la porte de l’église.


HENRI. Cette jeune fille assise là-bas, près du mur…

CHAILLAC. Vous la connaissez-bien, c’est la citoyenne Hoche, votre amie d’enfance.

HENRI. C’est pour cela que je la réclame. Elle porte un nom déjà glorieux et qui donne d’assez belles garanties à la République. Comment se trouve-t-elle au nombre des prisonniers ?

CHAILLAC. Vous ne saviez donc pas qu’elle a suivi les insurgés ?

HENRI. Si fait. Elle a agi ainsi contrairement à ses opinions.

CHAILLAC. Agir contrairement à ses opinions, c’est mal agir. J’aime mieux les fanatiques que les traîtres.

HENRI. Ce n’est pas agir contre la République que de se sacrifier à l’amitié.

CHAILLAC. Subtilités, citoyen Sauvières ! Vous aussi, vous suivez vos anciens amis, mais en les chargeant à