elle est trompée, et elle veut l’être, parce qu’elle est folle, parce qu’elle est lâche !
HENRI, étonné. Qu’est-ce que tu as donc contre elle, Cadio ?
CADIO. Moi ? Rien ! Je déteste les royalistes, voilà tout… et je veux… je veux m’engager, à présent ! J’ai l’âge ! je me suis toujours caché… je ne veux plus avoir peur ! Emmenez-moi !
HENRI. Certes, de tout mon cœur. Il y a longtemps que je le voulais et que je me tourmentais de ce que tu étais devenu. Bois encore, et viens, car je suis pressé !
CADIO. Oui, soldat ! je serai soldat ! Je tuerai Saint-Gueltas ! — Bonté de Dieu ! je ne peux pas marcher ! Allons, laissez-moi mourir là. Je suis blessé, voyez !
HENRI. Blessé ? par qui ?
CADIO. Je ne sais pas, un assassin ! peut-être lui, parce que je voulais courir après elle.
HENRI. Ce n’est peut-être rien, essaye ; donne-moi le bras, mon cheval est bon, il nous portera tous les deux.
CADIO. Où est-il ?
HENRI. Là, au moulin ; c’est tout près.
CADIO. Allons ! (Il retombe.) Pas possible. Adieu !
HENRI. Non ! je te porterai.
CADIO. Vous, me porter ?
HENRI. La belle affaire !
CADIO. Ah ! tenez, c’est vous que j’aime ! tout le reste… il n’y a que vous… Je marcherai !
HENRI. Eh ! oui, tu marcheras ! Tu apprendras à marcher à moitié mort. Je te l’ai déjà dit au Grand-Chêne : sers ton pays et tu deviendras vite un homme.