Page:Sand - Cadio.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de donner dans les idées contraires. Élevé pour l’Église, vous étiez abbé l’an passé. La mort de vos aînés vous remet l’épée au flanc, et vous êtes impatient de la tirer pour la cause que vous croyez sainte ; mais, moi, j’aime la ligne droite et ne veux pas faire les affaires du fanatisme sous prétexte de faire celles de la monarchie.

LE CHEVALIER. Pourtant, monsieur…

ROXANE. Ah ! mon Dieu ! allez-vous encore vous quereller ? C’est bien le moment ! Parlez-nous plutôt du charmant Saint-Gueltas…

MÉZIÈRES, entrant. Monsieur le comte, il y a là M. Le Moreau, municipal de Puy-la-Guerche, avec M. Rebec, son adjoint…, celui qui est aubergiste à présent, votre ancien marchand de laines.

ROXANE. Fripon sous toutes les formes ! (Au comte.) Est-ce que vous allez recevoir ces gens-là ?

LE COMTE, à Mézières. Faites entrer. (Mézières sort. À sa sœur.) Le Moreau est un très-galant homme.

ROXANE. Ça ? un abominable suppôt de la gironde, qui a approuvé le meurtre du roi ?

LE COMTE. Ma sœur, soyez calme.

ROXANE. Non ! je suis indignée !

LOUISE. Alors, ne restez pas ici. — Venez, ma tante.

ROXANE. Oui, oui, sortons ! J’étouffe de rage ! Mon frère, vous êtes un tiède, un… (Louise lui ferme la bouche par un baiser.) Tiens, sans toi, je crois que je deviendrais fratricide ! (Elles sortent.)

RABOISSON. Devons-nous rester ?

LE COMTE. Vous, certes ; mais le chevalier est vif…

RABOISSON. Et jeune !

LE CHEVALIER, au comte. Je me retire, monsieur. (Il sort.)